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Titre du blog : Les Flamboyances Noires
Auteur : Flamboyances-Noires
Date de création : 17-09-2009
 
posté le 17-09-2009 à 16:58:36

Fleurs de Chair- La Bohême Amoureuse.

 

 

Ce soir, la nuit est rouge.

 

Mon amour revient vers toi, Boomerang fragile et hésitant, arme bâtarde mais qui connaît sa cible.

Âme gercée, boursoufflée, enflée de tous ces soupirs vains, tous ces désirs que je n’ai jusqu’alors jamais pu assouvir.

 

Passion...Je voudrais découvrir toutes tes béatitudes idiotes à ses côtés, et m’endormir dans la tiédeur délicieuse de ses abîmes laiteux.

 

Mirage palpitant dans ma tête et doucement vacillant, oscillations frénétiques, tes membres enlaçant compulsivement mon corps décharné, je deviens un polichinelle ridicule aux hanches vermeilles. Serre-le, ce vulgaire paquet complexe de nerfs et de frustrations, pour calmer le feu qui le consume et ronge de ses flamboiements lyriques et redoutables son enveloppe à fleur de peau. Fais-toi violence pour attiser cette foudre exaltante qui m’électrise, et retranscris à ta guise sur ces pages vierges l’histoire d’une ivresse exceptionnelle à conquérir. Car seule ta chair saurait éveiller les élans fougueux et destructeurs de la mienne, gorgeant d’un extraordinaire concentré passionnel la jauge déjà bien remplie de mes émotions nouvelles. Seules tes mains, protectrices émérite et gardiennes de mon bien être, sauraient sécuriser mon âme des douleurs affligeantes qui la menacent, et inspirer des rêves enfiévrés à mon être scindé entre brûlures subtiles et frissons suaves, découvrant ainsi des plaisirs étranges et puissants.

 Seule ta voix pourrait raviver l’appel à l’éveil de mes sens, frémissant sous les vibrations profondes de ce son magique et pénétrant.

 

Me voilà bourreau de tes sens,  prêcheuse de la démesure, égarée à mi-chemin entre les eaux tumultueuses de la béatitude et du délire désespéré, là où s’expriment ces sentiments extrêmes qui marquent ma peau de leurs stigmates imbéciles.

 

Mais tous ces mots incompris, ces murmures témoignant de ma faiblesse face à la véhémence  de tels ressentiments ne sont que poussière dans l’épaisseur du silence, chimères désespérées, idéalisations pour accepter ton absence. Je redoute tant que tu ne demeures qu’une image animée…

Mais j’espère, parce que je ressens.

J’espère, car un bagage de rêve me suit dans toutes mes aventures, plus ou moins heureuses et romancées. De ce sac à malice, j’extirpe costumes de lumière et masques de faïence pour déguiser cette réalité qui est la mienne, et pimenter ma vie. Je mets en scène chaque instant pour mieux le savourer, dissimulant la réalité sous une couche d’absurde, de légèreté et de douceurs épicées pour cacher l’ennui et la peur du néant. Je me joue des ombres chinoises dans l’exquise pâleur d’une lumière tamisée, imaginant des silhouettes étranges et rieuses qui s’allongent et se tordent de plaisir, tandis que dans l’abîme double de mon cœur et de mon subconscient, l’angoisse de la solitude et la menace sournoise des ombres prêtes à m’avaler me serrent les entrailles et me déchirent la peau.

Et pourtant j’oublierais un instant… Je m’y efforcerais !

….

 

Abracadabra ! Je deviens la magicienne des illusions défendues, la bohême de la vérité travestie, sublimée par les couleurs de l’imagination infinie et du secret.

En un claquement de doigts, je parcours les méandres inextricables de l’âme et respire aveuglément les parfums de l’impossible et de l’exquis insaisissable, m’enivrant des effluves nouvelles de mes désirs les plus intenses…

 

 Pourtant aujourd’hui, mon existence connaît de douloureuses entraves. J’ignore tout des senteurs de l’insouciance et de l'éclat lumineux et sonore d'un rire d'enfant qui se perd, léger, dans un ciel sans nuages. J'ai oublié la fraîcheur innocente, ne sachant plus pour unique fragrance que celle de ta chair ancrée dans mes jeunes narines béantes, avides de ses arômes, de ses notes riches et capiteuses.

J’ignore tout de ces mélodies enjouées que je chantais jadis à gorge déployée, au profit de la morne ritournelle qui tourne, tourne, et bouleverse un cœur sous hypnose amoureuse.

J’ignore tout, et plus encore, de ces mille et une contrées inexplorées qui faisaient jadis miroiter à mon esprit assoiffé de contes et de rêveries vaines une multitude de trésors, et livrerais aujourd'hui ma personne toute entière à un Dieu inconnu, pour pouvoir seulement découvrir la plus modeste de tes richesses. Tu es ce délice interdit, ce fruit juteux tombé de l’arbre céleste dans lequel je mordrai à dents pleines, mon pêché mignon, une exquise pourriture que j’effleurerai du bout de mes lèvres vénales et userai infiniment de mon regard, de ces yeux que tu as aveuglés.

Alors…

Aurais-tu seulement envisagé le trouble que tu pouvais semer dans la candeur d’un cœur naissant et libre qui ne connaît de l’amour que sa frivolité et ses enfantillages libertins ?

Marquerais-tu la fin de ces badineries insensées et le terme de ma fraîcheur fantaisiste de jeune fille, enflammant d’une passion absolue, adulte et incendiaire ces jupons vaporeux et légers de jouvencelle ?

Sais-tu, superbe usurpateur, que tu as dupé une pauvre mortelle en lui donnant l’illusion d’être plus vivante que jamais, épanouissant sa sensualité, et faisant fusionner dans son unité charnelle les affres sentimentales et l’émotion cosmique dans un corps à corps endiablé?

 

Elle aime, la bohême... Elle aime, intensément, et s'enivre de la plus sulfureuse des senteurs, de la plus brûlante des passions.

 

Emilie.